Idées reçues sur le bilinguisme

 

Le bilinguisme de l’enfant est souvent mal compris et regardé avec scepticisme. Dans des pays monolingues, comme la France, le monolinguisme est considéré comme la norme et le bilinguisme comme anormal.  Les idées reçues sur les bilingues sont donc nombreuses:

 

« Le bilinguisme est une exception, la norme est le monolinguisme »
Ceci est l’opinion « ethnocentrique » des personnes vivant dans des pays monolingues. Quand on considère qu’il  existe dans le monde environ 6800 langues, parlées dans 200 États, on comprend aisément que les situations de coexistence de plusieurs langues sont extrêmement complexes.

 

« Il est difficile pour un enfant d’apprendre deux langues en même temps et cela le retardera dans son développement »
Il existe de grandes différences individuelles dans le développement langagier des enfants monolingues. C’est la même chose chez les enfants bilingues !

 

« Il vaut mieux apprendre d’abord correctement une langue, ensuite on peut introduire une seconde langue »
Un enfant qui apprend les deux langues dans un environnement équilibré du point de vue affectif n’a aucun problème de devenir bilingue. Un enfant qui grandit dans un environnement difficile (à cause de problèmes sociaux ou affectifs) peut manifester des troubles de l’acquisition de la langue – mais ceci sera également le cas pour un enfant qui apprend une seule langue dans la même situation.

 

« Si la langue de la famille est une langue de moindre prestige, il vaut mieux arrêter de la parler pour que les enfants apprennent mieux le français »
L’argument du « semilinguisme » est avancé  chaque fois que des enfants arrivent à l’école  sans parler la langue de l'école. 

Si certains enfants  ont une maitrise insuffisante de leur langue maternelle et de la langue du pays d’accueil, ce n’est pas parce qu'ils sont en contact avec deux langues.
Aujourd’hui, tous les spécialistes du bilinguisme s’accordent pour dire que la compétence insuffisante des langues est due à des difficultés d’ordre social et non linguistique, mettant hors de cause le bilinguisme.

Il est admis que le maintien de la première langue des enfants est primordial pour l'apprentissage de la langue de l'école.

 
« Un vrai bilingue ne mélange jamais ses deux langues. Ceux qui mélangent ne maîtrisent aucune des deux langues correctement. »
Le mélange des langues est une étape fréquente, mais non générale, durant la phase d'acquisition du langage. Il est considéré comme un signe de créaivité linguistique, et non de confusion.

Si le "mélange" persiste au-delà des premières années, il s'agit d'un mode de communication banal entre personnes bilingues qui partagent les mêmes langues.

"C'est la troisième langue du bilingue", selon le linguiste François Grosjean

 

 

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