Bilinguisme: une langue peut-elle "contaminer" une autre?

L’idée de la « pollution » d’une langue par une autre est plus courante que l’on ne pense. Particulièrement chez des spécialistes de l’enfance et de l’enseignement. L’interview d’un éminent linguiste, il y a quelques années , donne une vision assez réaliste de la méconnaissance du bilinguisme/plurilinguisme, de ses conditions et effets, dans notre pays.

Bien que je sois à chaque fois sidérée par tant d'assurance dans l’ignorance, je suis largement habituée aux affirmations faisant cas du danger du contact « trop précoce » de l’enfant avec une seconde langue : 5 ans semble être l’âge idéal pour le linguiste cité plus haut – alors que pour d’autres tout se joue avant 3 ans, ou 7 ans, c’est selon.

« Contamination » et « pollution » viendraient du fait que la première langue n’est pas encore assez structurée, pas suffisamment « cloisonnée « (un terme de prédilection du corps enseignant).

Un langage « hybride », des structures grammaticales instables, seraient le lot de tous ces enfants qui grandissent avec plusieurs langues – en famille, à la crèche ou à l’école maternelle ?

Le problème n’est en fait pas de savoir quel est le meilleur âge pour introduire une seconde langue. Simplement parce que, dans la plupart des cas, la seconde langue s’impose d’elle-même : des parents récemment immigrés en France, ou expatriés ailleurs, et parlant naturellement une autre langue que celle du pays, n’ont pas le choix de l’âge auquel leur enfant sera confronté à celle-ci.

 

L’âge du contact avec la nouvelle langue est largement déterminé par des circonstances extérieures.


La question n’est donc pas de savoir quel serait le meilleur moment pour introduire une seconde langue, mais bien celle de savoir comment traiter des enfants qui sont en contact avec plus d’une langue et dont l’expression langagière est différente de celle des monolingues du même âge – différente à chaque étape de l’acquisition/ apprentissage.

Il est grand temps que les spécialistes de toutes sortes, non familiers avec le phénomène,  cessent de considérer le bilinguisme/plurilinguisme comme une exception qu’ils se permettent de jauger à l’aune de leurs connaissances, certes approfondies, du monolinguisme.

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Commentaires: 2
  • #1

    Franck (mardi, 28 août 2012 22:59)

    Absolument d'accord. Le contexte de chaque famille est différente. Nos enfants grandissent avec 3 langues depuis leur naissance, car nous sommes une famille "mixte" vivant aux Etats-Unis. "Comment intégrer différentes langues?" est plus important que "Quand faut-il introduire une seconde langue".

  • #2

    Wanying (mardi, 25 novembre 2014 10:51)

    Je suis ravie de trouver ce merveilleux site de bilingusime. Je suis justement actuellement "perturbée" par une question de multi-linguisime. Nous sommes une famille Chinoise installée en France, notre fils est né à Paris. Normalement, je dois l'elever comme un enfant bilingue français-chinois. Il se trouve que notre famille va déménager aux états-unis dans le cadre de la mutation de mon mari. Etant donné qu'il s'agit d'un contrat de trois ans et que je souhaite sincerement que francais soit une de ses langues maternelles tout en profitant de la langue locale, i.e. l'anglais, je voulais mettre mon fils dans une école franco-américaine. Néanmoins, parmi les bonees écoles de ce genre, on a trouvé deux méthodes d'enseignement du bilinguisime: une est l'enseignement quasi 50/50 en français et en anglais; l'autre par contre est l'ensegnement 80% en français et 20% en anglais. la deuxième méthode m'inquiète du fait que l'enfant touche trop peu l'anglais. Mais l'argument de ces écoles est que les enfants aprennent l'anglais avec leurs petits camarades et ils se parlent en anglais au déjeuner, sur le playground, etc. Qu-est que vous en pensez? en gros, je souhaite qu'il soit trilingue...

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