En France, avec plus de 4,5 millions de personnes qui déclarent avoir une autre langue maternelle que le français, les crèches et écoles accueillent un nombre considérable
d’enfants qui grandissent au contact de plusieurs langues.
Malgré une grande diversité linguistique en France, toutes les situations de contact des langues ne permettent pas de développer des compétences bilingues.
Tout se passe comme si certaines langues pouvaient mener au bilinguisme, alors d'autres étaient un frein à « l’intégration (en France) par la langue ».
Le prestige dont jouit telle ou telle langue dans notre société, et notre regard dsur les locuteurs de cette langue, déterminera - par des mécanismes socio-psychologiques complexes -
la construction d’un bilinguisme harmonieux, ou conflictuel.
De nombreuses études ont montré l’impact négatif sur le développement langagier et identitaire de l’enfant si la langue de première socialisation est dévalorisée par rapport à la
langue d’accueil. La dévalorisation mène au refus de parler la langue des parents, et dans des cas extrêmes au refus de parler tout court.
Il n’existe pas de solution unique pour répondre aux besoins des enfants bi/plurilingues .
Dans un contexte de minoration des langues maternelles, il incombe aux professionnels des secteurs médico-social et éducatif, de convaincre les parents de la nécessité de conserver la langue
familiale.
Toute langue, quelle qu'elle soit, parlée en famille, est préférable à l’utilisation, par les parents, d'un français mal maîtrisé.
Il s’agira de convaincre les parents de l’importance de leur langue pour le développement intellectuel et émotionnel de leur enfant, tout en les rassurant sur ses capacités d’acquérir en même
temps le français- à la crèche ou à l’école maternelle.
L’organisation d’ateliers mère-enfant et de groupes de parole s’avère utile pour opérer un changement d’attitude chez tous les membres de la famille.
Pour les familles parlant des langues à statut égal avec le français, la question du maintien du bilinguisme est également prégnante, mais pour d’autres raisons.
Dans notre pays la pression de la langue dominante est telle que le bilinguisme constitue fréquemment une simple étape vers le monolinguisme français.
Pour conserver les compétences bilingues, des stratégies spécifiques doivent être employées. Un conseil judicieux peut être l’enrichissement de la langue « faible » par des activités
langagières extra-familiales. Des groupes de jeux sont une possibilité, des rencontres entre familles de même langue en sont une autre.
Il est aujourd’hui établi que la bonne maîtrise du français langue de l’école chez l’enfant en contact avec d’autres langues est conditionnée par la prise en compte des savoirs
langagiers acquis au sein de la famille.
Il est par conséquent du devoir de tous – professionnels de la petite enfance et de la santé, décideurs politiques - de mettre en place de nouvelles stratégies pour favoriser la
construction d’un bilinguisme/ plurilinguisme harmonieux chez tous les enfants grandissant avec plusieurs langues en France.
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Vanhoebrouck (lundi, 30 juin 2014 14:06)
Dans notre pays (Belgique) nos enfants et petits enfants, qui grandissent dans une famille bilingue Flamande-Francophone, ont une très bonne maîtrise des deux langues, malgré un scepticisme de certains psy linguistes, qui évaluent plus en fonction d'un néerlandais académique. Nos écoles néerlandaises, également à Bruxelles, permettent aux enfants de toute identité à s'intégrer en néerlandais , puis français, mais surtout avec une ouverture d'esprit, qui motive les parents (africain, nord et centre) à s'engager aussi dans l'apprentissage de la langue de leur environnement de vie. Bruxelles, Anvers et la Flandre sont des laboratoires du multilinguisme...avec l'Anglais en 3ème langue...mais il reste la barrière politique imposée par les Francophiles unilingues à tout prix!
Nayr (mardi, 01 juillet 2014 23:46)
Selon la Convention pour les Droits de l'enfant des Nations Unies, qui fete ses 25 ans cette annee, tout enfant a droit a sa langue et sa culture d'origine (Article 30). Malheureusement, les droits des enfants ne sont pas toujours respectes.